Jean et Béatrice de Carole FRECHETTE
2015-2018
Dans une mise en scène de Brigitte PARQUET
une comédie dramatique avec Cécile BERNIER et Alain DARY.
SYNOPSIS :
Dans son appartement au 33ème étage d’une tour moderne, Béatrice attend l’homme qui la délivrera de sa solitude. Elle a placardé dans toute la ville une affiche promettant une récompense substantielle à celui qui pourra l’intéresser, l’émouvoir et la séduire.
Un homme se présente, Jean, chasseur de primes expérimenté, prêt à se soumettre aux trois épreuves par appât du gain.
Très vite, Béatrice hausse les enchères ; il s’agit en fait d’inventer l’amour.
Mais Jean n’est pas venu pour fonder un couple ; l’appartement se transforme alors en piège et la rencontre devient duel …
Mais suffit-il de croire à l’amour pour le faire exister ?
NOTE D'INTENTIONS :
C’est une pièce très cinématographique, entre suspense et émotion, qui fait rire et qui fait mal, sur la peur d’aimer, la peur de l’autre, la solitude, le désir et l’incroyable difficulté d’aimer.
Un huit clos, à la fois glauque et touchant entre deux faux amis qui s’apprivoisent, faisant de l’amour un terrain d’étude.
Deux personnages hors du commun mais tellement quotidiens en même temps, avec leur quête de soi et de l’autre, leur histoire d’amour impossible, mais leur besoin viscéral d’aimer, à tout prix, jusqu’au mensonge, au délire, à l’anéantissement.
Béatrice ? une sorte de mégère apprivoisée des temps modernes ?
Le choix du décor et l’orientation de la mise en scène se sont imposés à nous dès la première lecture du texte.
Il n’était pas question de faire évoluer les personnages dans un appartement BCBG, comme aurait pu l’induire la mention de « jeune héritière » dans l’affiche placardée par Béatrice sur tous les murs de la ville.
Nous voulions que le public soit intrigué par le décor au premier coup d’œil ; qu’il sente de suite qu’il y a quelque chose qui cloche chez Béatrice…
L’idée d’un appartement presque vide aux allures d’un squat nous a paru appropriée pour illustrer l’ennui, le désœuvrement, l’attente désespérée d’une femme qui voudrait tellement apprendre à aimer et être aimée.
L’élément central du décor : le fauteuil rouge ; le territoire de Béatrice, son trône mais aussi son refuge à chaque fois que Jean s’approche trop près d’elle ou qu’elle se sent poussée dans ses retranchements.
Tout autour des bouteilles plastiques, des cageots, des pommes, qui jonchent le sol un peu partout ; des photos d’hommes épinglées sur une cloison, des tags sur les murs, le désordre et le négligé ; un comble pour quelqu’un qui se prétend être l’héritière de John Dutrisac, le magnat de la poubelle en plastique !
L’eau est un sujet omniprésent dans la pièce de Carole FRECHETTE ; Béatrice est fatiguée et elle a soif, elle boit pour « mouiller tout le sable qu’elle a à l’intérieur » ; car dit-elle : « il n’y a pas assez d’humidité en moi ; l’émotion ça pousse dans l’humidité, je l’ai lu quelque part, c’est comme les champignons ! »
Les bouteilles, vides ou pleines, sont partout, à portée de mains et il nous est apparu intéressant de faire se déplacer les personnages au milieu d’elles sans qu’ils se soucient de marcher dessus et du bruit que peut faire le plastique écrasé… comme parfois une ponctuation sonore de fin de phrase…